Quand l’IVD m’a ouvert les yeux… Mea Culpa

Depuis quelques jours, l’IVD passe en boucle les témoignages bouleversants de ceux qui ont été torturés. Cette transmission a permis de lever le voile non seulement sur les exactions de Ben Ali mais aussi sur la réalité affligeante de certains « progressistes ».La toile s’est enflammée en voyant une Sihem ben Sedrine pimpante face à une parole qui se libère pour crier la douleur. Beaucoup se sont insurgés en voyant ses islamistes honnis prendre la parole et nous regarder les yeux dans les yeux, débiter des horreurs que l’on n’aurait jamais cru entendre à une heure de grande écoute. Certes beaucoup d’islamistes ne sont pas des anges, et beaucoup ont été, à tort ou à raison sous les verrous. Mais on semble oublier aussi que la torture a été aussi infligée aux opposants de gauche.La vérité nue est là frémissante, éclatante de cruauté. Sami Braham nous a raconté dans un long monologue ce que voulait dire torture sous Ben Ali.J’en ai pleuré et j’ai eu honte. J’ai eu honte de toutes les fois où j’ai évoqué sur un ton léger les bouteilles de Fanta, j’ai eu honte de toutes les fois où je me suis moquée de la torture infligée à ces islamistes, parce que pour moi, préparer un projet aussi rétrograde pour mon pays, ne mérite que la torture. Tout cela je l’ai dit. Tout cela j’ai toujours fanfaronné que je l’assumais. Mais face à cette nudité, j’ai eu honte. On ne peut avoir une part d’humanité et rester insensible à ce que l’on a entendu. Ceux qui défendent encore les bourreaux ne valent pas mieux qu’eux à mon sens ; Je n’ai jamais été pour une approche ingénue de tous les phénomènes de radicalisation, mais dévoiler les paroles qui se sont tues, en ces temps où la nostalgie de Ben Ali refait surface, permet de ne pas oublier, dans un pays où l’amnésie collective semble un sport national ;J’ai eu honte de nos intellectuels, j’ai eu honte de nos artistes. J’ai eu honte qu’on traite ces victimes de menteuses comme si la parole d’un dictateur était plus digne de foi.J’ai eu honte de ceux qui en ce moment historique, regardent le doigt au lieu de regarder la lune. L’histoire ne retiendra pas que Sihem ben Sedrine a donné la parole aux victimes de la torture, elle retiendra qu’un peuple s’est soulevé contre un dictateur et a permis ce moment historique : celui de faire éclater au grand jour, des vérités pas toujours bonnes à entendre. C’est moins l’empathie envers les victimes qui fera changer la donne politique mais le sentiment de répulsion que ce genre d’individus provoquent par leur réaction nauséabonde et qui prouve que le seul sentiment qui les anime est la haine bête et aveugle. Pour un petit quart d’heure de gloire, Taher ben hassine a traité Gilbert Naccache de menteur, se rangeant implicitement du côté des bourreaux. La liste est longue…Je ne les nommerai pas car cela leur donnerait une importance qu’ils n’ont nullement mérité en ce moment historique, où ils se sont rangés du mauvais côté de l’histoire.A tous ceux qui n’ont pas eu la décence de se taire devant ce moment de catharsis national, je vous vomis, car ce ne sont pas les âmes veules qui créent la grandeur d’un peuple.J’ai ouvert les yeux.

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