Au pays des mille et une mules

La brigade de la semelle et du carrelage a encore frappé ! En effet ce n’est pas un pavé qu’un politicien aurait reçu en pleine gueule, ni une chaussure malodorante car tous n’ont pas la prestance de Bush…. non cette fois-ci ces les ayatollahs qui sont montés au créneau, pour, tenez-vous bien, une inscription qui ressemblerait vaguement à Allah sous la semelle d’une chleka  et sur du carrelage..Sobhane Allah!  Selon les médias, le ministre du commerce n’a pas hésité à rendre public le 1er octobre un communiqué annonçant la saisie de mules pour hommes et de carrelages en céramique, et ce, pour atteinte au sacré.  
Cette affaire somme toute banale quand on sait le nombre de pommes de terre et de navets qui se promènent dans la nature et qui ont eu l’indécence de prendre la forme de cette inscription sacrée. Pourquoi ne pas arrêter les nuages… Il ne manquerait plus que le ministre de l’agriculture se mette lui aussi à traquer la courgette apostate et condamner le paysan qui l’a gentiment cultivé pour blasphème et apostasie, car comme on le sait depuis la révolution, le ridicule ne tue plus en Tunisie.
Pas besoin du teste de Rorschach pour comprendre que cette fameuse inscription ressemble plus à des lettres gothiques ou au mieux à un canard qu’au nom d’Allah… il faudrait avoir  une sérieuse formation à l’école de lecture du coca cola en verlan. Car ces têtes de « mules »qui voient « ni Dieu ni Mohamed » en lisant le nom arabe à l’envers sont ces mêmes andouilles qui ont dû tordre la malheureuse semelle dans tous les sens afin d’en extraire la substantifique moelle et de trouver le bon angle qui ne ferait que confirmer leur théorie du complot islamophobe d’un dangereux fabricant de chaussures sans doute financé par les forces sionistes et les francs maçons.
C’est ainsi que des salafistes, éminents philologues de Kairouan, berceau de l’islam nord africain et aujourd’hui éminent exégètes de l’ânerie, sont parvenus à découvrir par une inspiration divine, le geste diabolique qui les aurait obligés,honnêtes musulmans à piétiner le nom de Dieu.
Surfant sur la vague d’un populisme outrancier le ministère n’a trouvé rien de mieux que de saisir la marchandise et d’annoncer « Vouspouvez imaginer la polémique que peut engendrer l’existence de cegenre de produits ». Encore une fois on va dans le sens de la bêtise au lieu de la dénoncer ou mieux d’user de pédagogie face à une frange de la population qui s’enfonce de plus en plus dans l’ignorance. Cela ne me choque pas outre mesure que des mules puissent lire ce qui les arrange sous une mule. Ce qui me choque c’est que le ministère se charge de porter plainte car selon lui,cette affaire revêt un aspect pénal.
Moi je n’aurais pas brûlé ces semelles, en ces temps difficiles,j’aurais utilisé ces chleka contre le mauvais œil et je les aurais accrochées sur le pare brise de ma voiture ou à l’arrière à côté de l’inscription 3aed bi 7awl allah et Samira.
Alors pendant que des criminels se baladent impunément, que l’inflation atteint des taux records, que le dinar est en chute libre que l’électricité, le carburant et l’eau augmentent, quand on sait que des centaines de familles n’ont même pas de chaussures à leurs pieds, notre ministère au lieu d’interdire la prolifération des manuels islamistes à l’usage des simples d’esprit, met en place sa brigade du blasphème qui va chercher jusque sous nos chaussures…délit d’atteinte au sacré dit-il…
A quand le délit d’atteinte à l’intelligence humaine ?

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