Séductrice ou protectrice ? la difficulté d’être deux femmes et l’utilité d’en avoir deux…

Je suis un mammifère pensant; sexe: femelle. C’est là toute ma tragédie, mon corps dit oui et ma tête dotée d’un cerveau qui s’est développé depuis que j’ai commencé à appartenir à l’espèce des homo sapiens, dit non. Oui j’avoue, je déteste l’idée de devenir maman…
J’ai tout d’une future mère indigne, déjà hystérique, narcissique et irresponsable à souhait. Je vois déjà mon avenir… finis les têtes à têtes en amoureux, les chaussures à 100 balles, les soirées où l’on rentre à pas d’heure… Bonjour crises, vomis, et terrorisme sentimental envers mon amoureux. Moi le jour où j’aurais un gamin, c’est sans vergogne que mon mec je lui foutrais la pression… après tout qu’est-ce qu’il sera à part le géniteur? C’est moi qui vais mettre ma carrière entre parenthèses, c’est ma poitrine qui va m’arriver aux genoux, c’est moi qui vais me taper 10kg en plus de ceux que je dois perdre depuis un déjà que je me fais des fausses promesses sur les régimes.
Finies les soirées entre copines, à parler mecs…finie ma vie de jeune femme épanouie et qui ne pense qu’à elle. Finis les talons hauts et bonjours les pantoufles.

 Immature, je suis immature, je souffre du syndrome de Peter pan croisé à celui du syndrome de la jeune trentenaire active, qui n’est à l’écoute de son corps que quand elle veut baiser.  Je ne veux pas grandir. Je veux rester moi-même, ne pas changer, quand on devient maman c’est pour toute la vie, et les choses qui me lient pour toute la vie, les décisions irrévocables, ça m’angoisse. Qu’un être dépende de moi, ça me fout les boules… il suffirait que j’arrête de l’alimenter pour qu’il meure… putain de pression. Un bébé c’est un alien, ça te rend toute bizarre comme les Goa’ulds dans la série de Stargate SG1. Je devrais arrêter de regarder les séries pour mec d’ailleurs, peut être que ça me donnerait l’envie d’avoir un mioche.. La petite maison dans la prairie, très bon choix dans le genre, ils vécurent heureux, eurent beaucoup d’enfants et s’emmerdèrent à souhait.

En plus j’en connais pas beaucoup des mères sexy, c’est d’ailleurs un défi de taille que se fixe la maman moderne à grand renfort de matraquage de magazines féminins. J’ai une vision traditionnelle de la maman ; potelée, bien ronde ayant le sens du sacrifice. Si on s’en tient toujours à l’écoute de notre corps, comme le rappellent les revues de bazar, les mères sexy ce sont des schizophrènes: séductrices ( posture du chasseur nomade) et maternelles ( posture de la protectrice sédentaire).  La sexualité entretient ce rapport bizarre à la maternité, car d’abord conçue comme un moyen de parvenir à la deuxième, on se rend compte que depuis que la femme maîtrise sa contraception, elle peut entretenir des rapports sans se priver, presqu’autant qu’un homme… juste pour le plaisir, n’en déplaise à certains.
En Tunisie, beaucoup continuent à se marier pour avoir des gosses, et fonder une famille. Le mari, d’abord considéré comme le centre du monde, n’est plus, chez beaucoup de femmes, que le père de l’enfant, délaissé, oublié, il n’a plus qu’à revenir…aux jupons de sa maman. La femme délaissée elle aussi parce que devenue cette lionne hystérique capable de  tuer sa propre mère pour son enfant, n’est plus considérée  par son conjoint que comme la mère de ses bambins… et l’on glisse lentement vers cette nouvelle configuration où l’enfant prend la place du couple et le ronge jusqu’à l’usure. Et c’est à ce moment, que le père trop lâche ou trop conscient de l’intérêt de ces êtres qui n’ont pas demandé à naître, hésite à divorcer mais n’hésite pas une seconde à prendre une maîtresse, la séductrice, et arrive ainsi par un dangereux exercice d’équilibriste à trouver dans le mensonge et chez deux femmes, ce qu’il ne trouve chez une seule.
Je suis tellement bien dans ma vie que je ne peux envisager l’arrivée d’un gamin que comme un trou sans fond vers lequel je vais m’engouffrer. Nonobstant mon horloge biologique cette traîtresse, qui réclame à corps et à cris ce fossoyeur du couple,  ce putain d’instinct animal qui te fait ressentir cette envie dans tes entrailles et qui fait que je n’y échapperai pas, comme ces fringales compulsives qui me prennent à certaines périodes de mon cycle hormonal. Moi dopée aux séries, USA, aux revues féminines, et soixante-huitarde ratée, j’ai juste appris à penser qu’à ma gueule et après l’invention de la pilule, le triomphe le plus éclatant de cette nouvelle émancipation féminine est devenue les sex toys…et la banque de sperme pour les plus motivées.
 En attendant, je roucoule, peinarde avec mon amoureux en ayant peur de ce qui changera ma vie, refusant de me rendre à l’évidence que ce qui l’a vraiment bouleversée, c’est ma rencontre avec lui.

14 réflexions sur “Séductrice ou protectrice ? la difficulté d’être deux femmes et l’utilité d’en avoir deux…

  1. C'est cette éternelle dialectique qui donne un sens et un charme à notre vie,tout cela est régit par deux facteurs:le temps et la nature et l'être humain n'en est que la résultante.Jolanare,tu parles vrai,on a le droit de rêver…..

  2. je me sens moins seule du coup, en ce qu'un jour j'étais et ressentie…sauf que, aujourd'hui maman de deux enfants , je suis toujours aussi sexy, femme active (medecin), chez moi je suis à la fois la bonne femme de ménage, le chef de cuisine, je fais le chauffeur, les courses, j'ai ma rubrique dans une revue (qui veut dire que je me fais plaisir), je sors (pas autant qu'avant, mais je me fais encore une fois plaisir), je porte des talons (de vrais), je suis souvent crevée mais je suis une femme heureuse et épanouie, je baise moins, c'est vrai, mais quand c'est le cas je peux t'assurer que c'est bien plus excitant quand on sait que y a deux bout de choux, qui font dodo à côté, à surveiller, sinon ce n'est plus une fixation mais ça a le goût différent, je ne sais pas, mais tu le sauras peut être un jour. il est vrai que être maman, femme, épouse, ..n'est pas simple,au début, seulement après ça devient tout à fait naturelle, comme monter à bicyclette, les kilos se perdent avec la volonté, les biberons c'est pas pour toute la vie, les seins?? tu rigoles toi, ça tombe pas (en tout cas pas les miennes) et en plus en allaitant on se protège naturellement contre le cancer du sein. la responsabilité, oui parfois j'angoisse, j'ai peur de pas bien faire ou de prendre les mauvaises décisions pour mes enfants, mais je sais que je fais de mon mieux, et leurs présences, leurs regards et leur maman ze t'aime 9ad il b7ar w 9ad eddenya et leurs câlins…j'en oublis la peur…ils me rendent heureuse,forte, très forte, avec eux j'ai l'impression d'avoir le monde en dessous des pieds (en attendant le paradis), , leur papa a toujours sa place, c'est différent, mais c'est comme ça, mon mari n'ira pas voir ailleurs, pour nous et pas à cause des enfants, et même en supposant qu'il reste pour ses enfants, alors tant mieux, au moins je sais qu'il aime la plus chère partie de moi.

  3. Une récente campagne au Quebec voulait montrer que l'allaitement est glamour et ainsi rendre le fait qu'une femme expose son sein dans cet acte moins "heurtant" pour certains. J'y trouve comme dans votre publication très fouillée et profonde la même ligne de fuite entre les deux figures éternelles du féminin. A la fois dans une esthétique (quelle belle photo de Monica) et à la fois comme un havre de paix et de sollicitude.

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